Nom : Miyazaki
Prénom : Kiyoko
Age : 19 ans
Éléments Maîtrisés : Aucun
Histoire :
Accroupie sur un escarpement rocheux, Kiyoko fixait à l'horizon la lune qui se levait au dessus des montagnes enneigées. Yuki no Kuni. Hostile et silencieux à première vue. Un rapace à l'éclat aveuglant tournoyait dans la vallée en contrebas, seul signe de vie animale dans son champ de vision.
Derrière elle, une forêt de résineux chétifs luttait pour pousser sur le sol rocailleux. La traverser avait été un jeu d'enfant, mais à présent, Kiyoko sentait sa résolution s'effriter peu à peu à mesure qu'elle découvrait la suite du voyage...
Elle avait quitté son foyer trois lunes auparavant, lorsque son père avait rendu son dernier souffle. Sur son lit de mort, il lui avait confié une mission, et lui avait fait promettre de la mener à bien. La promesse à un mourant est une chose sacrée. Elle s'était mise en route dès le lendemain, le temps de faire ses adieux à sa mère et à sa petite soeur. Avant de ne plus pouvoir le faire, elle s'était retournée une dernière fois vers son village, assez éloigné de tout village caché de shinobi pour que les affres de la guerre ne s'y soient pas trop fait sentir. Mais personne n'était à l'abri, et elle n'était pas certaine qu'à son retour, la vision soit identique : maisons proprettes dont les cheminées de brique fumaient paresseusement, éclats de voix animés, pépiements joyeux des oiseaux, champs et prairies fleuries...
Avec un soupir résigné, elle avait fixé l'image dans sa mémoire et puis lui avait tourné le dos.
Elle partait à la recherche de sa soeur aînée, Ema. Celle-ci avait quitté la maison avec force fracas, après une énième dispute avec leur père. De quinze ans son aînée, elles n'avaient en commun que la chevelure flamboyante héritée de leur mère. Quand elle était partie, Kiyoko n'avait que six ans et n'avait pas vraiment compris ce qu'il se passait. Ema s'était amourachée d'un voyageur de passage, qui parcourait les routes avec sa mère, une femme hautaine et passablement stupide. Ils transpiraient la richesse de manière indécente, elle, pseudo mère poule incapable de refuser quoi que ce soit à son fils et lui, tout à fait conscient de la situation, en abusant avec mépris. Kiyoko ne voyait pas trop ce qui, dans ce jeune homme somme toute quelconque, avait fait craquer sa soeur. Peut-être qu'elle cherchait simplement quelqu'un pour la consoler de son précédent amoureux, qui l'avait traitée comme un vulgaire objet dans sa panoplie d'homme accompli...
Leur père n'avait d'ailleurs pas approuvé cette première union, jugeant le jeune homme superficiel et calculateur. Ce fut l'occasion de sa première vraie brouille avec sa fille aînée. Lorsqu'il s'était lassée d'elle et l'avait trompée avec une jeune fille d'un village voisin, Ema avait été anéantie, persuadée que plus personne ne voudrait d'elle. Aussi, quand ce jeune noblaillon lui avait fait la cour, avec sourires charmeurs et compliments mielleux, elle en était tombée amoureuse en moins de deux, et avait quitté la maison pour suivre son nouveau compagnon. Le jour de son départ, les hurlements du père et de la fille avaient fait trembler les murs de la petite maison. Dans sa chambre à l'étage, Kiyoko s'était réfugiée dans son lit, son oreiller sur la tête dans une vaine tentative pour se protéger. Elle n'avait plus jamais revu sa soeur et son père n’avait plus été le même après ça.
Sa mère lui avait donné de vagues explications quelques années plus tard, en restant très évasive. Elle lui avait dit qu'Ema était partie pour un autre village, à des jours et des jours de voyage. C’était très mal vu. Dans leur village, la tradition voulait que le garçon premier-né prenne la suite de son père dans son activité. Mais comme Akihide le forgeron n'avait eu que des filles, il avait été convenu à la naissance de sa troisième fille Shinae, que ce serait sa fille aînée, Ema, qui prendrait la relève. Cette perspective n’enchantait pas du tout la jeune fille qui, du haut de ses dix-neuf ans, avait d’autres aspirations en tête... la plupart tournant autour des garçons...
Kiyoko avait dix-neuf ans aussi à présent, et elle devait retrouver sa soeur, pour la convaincre de revenir dans le village de ses ancêtres. Et prendre la suite de son père, ainsi qu’il l’avait souhaité, et confirmé une dernière fois sur son lit de mort. Le regard dans le vague, la jeune femme eut un rire désabusé. Retrouver Ema s’avérait déjà ardu. La convaincre de devenir forgeron comme son père, c’était tout simplement une utopie. De village en village, elle avait suivi sa trace, retrouvant d’abord le jeune noblaillon qui l’avait séduite. Il ne ressemblait en rien à son souvenir : mine sombre, cheveux bien plus longs et crâne dégarni, et nulle trace de sa mère. Ni d’Ema. Il l’informa qu’elle l’avait quitté des années plus tôt pour un type de passage au village (encore ! avait pensé Kiyoko) et qu’elle était partie avec un autre encore. Ou un troisième. Il n’en savait rien et s’en fichait royalement. Kiyoko put quand même obtenir de lui une direction, et même un nom. Et la scène se répéta à l’étape suivante. Partie, avec un autre.
Une telle inconstance lui donnait la nausée. Elle avait enfin fini par trouver une dernière destination, où - pour une fois - sa soeur s’était rendue seule. Dans un des villages où elle avait séjourné un temps, elle avait sympathisé avec une vielle femme, potière de son état, subjuguée par la beauté et la douceur des créations de l’aïeule, à mille lieues du travail “brutal” de son forgeron de père. La vieille raconta beaucoup de choses à Kiyoko. Elle lui apprit qu’elles avaient échangé de nombreuses lettres après qu’Ema soit partie pour Yuki no kuni, rejoindre le village ninja de Kokoroshiro. Tenant les lettres en question dans sa main tremblante comme s’il s’était agi de son trésor le plus précieux, elle lui raconta comment la jeune femme avait souhaité changer radicalement de vie en laissant son passé derrière elle, elle lui expliqua qu’elle avait abandonné son nom pour se faire appeler Kyborash, comme le village de ses ancêtres. Et elle lui avait tendu les lettres. Kiyoko passa trois jours entiers à lire les dizaines et les dizaines de feuilles de parchemin que sa soeur avait envoyées à cette femme. Elle pensa avec amertume à leur mère, qui aurait sans doute aimé bénéficier des mêmes faveurs...
Les missives lui apprirent tout des dernières années de sa soeur, et elle les lut avec avidité et une curiosité presque malsaine. Sa soeur Ema, non... Kyborash... était devenue Kage de Kokoroshiro !! Au début, cela semblait lui plaire, et elle avait même trouvé une nouvelle famille, une sorte de clan qui résidait dans un autre village, mais décidément, elle n’était au final guidée que par son coeur d’artichaut... Kiyoko lui dénombra cinq amants différents, peut-être même six, durant les quelques années qu’elle avait passées là-bas. Aucune réalisation exemplaire en tant que Kage qui vaille apparemment la peine d’être mentionnée - excepté une intervention médicale dans cet autre village lors d’un épisode dramatique de peste - mais des pages et des pages d’envolées lyriques décrivant par le menu ces amants et son amour pour eux. Chacun d’eux semblait avoir été THE ONE à l’instant t, et pourtant, chacun d’eux s’était vu remplacé. L’un parce qu’il était absent, l’autre parce qu’il ne s’occupait pas assez d’elle à son goût, l’autre encore parce que... tiens... impossible de savoir ce qu’elle reprochait à celui-là. Aux dernières nouvelles, le dernier en date semblait plutôt tenir la route, mais la dernière lettre était datée de plusieurs années auparavant. La vieille potière ne sut pas lui dire pourquoi les lettres s’étaient subitement arrêtées, mais l’époque coïncidait avec les débuts de la guerre avec Takichi, et elle avait supposé qu’elle n’avait plus eu la possibilité d’écrire. Elle avait bien essayé de lui envoyer d’autres lettres mais elles étaient toutes restées sans réponse.
A présent, dominant la vallée enneigée où se nichaient les ruines de Kokoroshiro, Kiyoko pensait à sa soeur. Elle n’avait que peu d’indices pour savoir où celle-ci se trouvait à présent. Tout ce qu’elle avait, c’était surtout des noms de personnes, quelques noms qui revenaient souvent dans les lettres, le nom de sa nouvelle famille, du clan qu’elle avait intégré, le nom des deux villages à visiter, Kokoroshiro et Shinkirô, et surtout, surtout... un goût de bile au fond de la gorge, écoeurée par ce que son aînée avait fait de sa vie jusqu’à présent. Rien. Elle avait tout pour elle et avait tout foutu en l’air. Elle devait avoir trente-quatre ans aujourd’hui. Et sans doute pas plus de plomb dans la cervelle qu’avant.
Soupirant une dernière fois, Kiyoko se redressa, faisant craquer ses articulations au passage, rajusta son katana sur son dos et son sac en bandoulière, et commença la longue descente vers le village en ruines de Kokoroshiro...
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HRP// Suspense levé mais je suis sûre que vous aviez tous deviné ^^'
Je n'ai pas écrit depuis des années, je vous demande pardon du rouillage de mes doigts, des tournures de phrase parfois aléatoires et de mes nombreux trous de mémoire (volontaires ou non) qu'il faudra combler, sur ce qui fut notre monde pendant quelques merveilleuses années...
Sujet: Kiyoko, à la recherche d'un passé qui n'est pas le sien 
Dim 19 Mai - 0:32
je m'en doutais trop rien qu'au pseudo :p tu n'as pas tellement rouille je te rassure 
