La Taverne du Rat Crevé

Lilo sourit et acquiesça.

Elle n'est donc pas seulement timide. Elle a aussi du caractère. Bien.

Reposez vous bien.

La taverne étant calme, elle en profita aussi pour aller se reposer.
Elle s'allongea sur le lit en regardant le plafond tout en songeant aux événements de la journée et tout naturellement elle finit par s'endormir.

Darklord était rentré peu après Mizu, et avait filé tout droit au lit. A son âge, il n'était guère sage de faire des nuits blanches, encore moins quand on avait un boulot la journée.

* Bordel. Faut que je me rouvre une forge, une vraie. Mais pour ça il faut du pognon, du bois, des matières premières, un dispositif pour cacher la fumée... C'est pas pour tout de suite. Mais ça me correspondrait un peu mieux que mon boulot ici... *

Il se leva, fit une toilette rapide à l'eau froide pour se réveiller, et descendit. Visiblement, la taverne avait également eu des clients la nuit, car de la vaisselle sale l'attendait dans l'évier.
Tout en se dirigeant vers les cuisines, il marmonna un vague bonjour aux gens présents et ramassa ce qui traîner, avant de se mettre à l'ouvrage. Il n'avait jamais été du matin, et il avait perdu l'habitude des nuits de sommeil ininterrompues ; les bourreaux de Takichi le laissaient rarement sommeiller plus d'une heure avant de le réveiller pour de nouvelles tortures. Et, de toute façon, le voyage lui avait montré qu'il n'était pas près de retrouver un sommeil normal ; outre les cauchemars, il se réveillait régulièrement, pris de panique, comme s'il allait être attaqué.

* Je suis devenu ce dont je me suis toujours moqué : complètement paranoïaque. Je l'étais avant et j'en riais... Mais maintenant je le suis jusqu'au bout des ongles - enfin, des griffes - et ça me déprime... Et en plus j'y peux rien. Bordel de cul à chier de merde !
...
Il voulait rien dire ce juron, mauvaise combinaison. Merde, tout fout l'camp ! *

Machinalement, Darklord lava tout ce qui se présentait dans l'évier, perdu dans ses pensées. Au bout d'un moment, il se dit que tant qu'à y être, autant continuer à s'entraîner : il relia deux fils de chakra à l'éponge et continua son office. Ses méridiens le tiraillaient, comme des muscles après un effort trop violent. Le chakra n'avait plus l'habitude d'y circuler, et il ne pouvait plus y faire passer qu'un mince ru, alors qu'un torrent y coulait auparavant. Il n'y avait qu'une solution pour ça : éroder les berges pour élargir le lit.
S'il avait du juger sa performance à l'éponge avec son œil de professeur, il l'aurait qualifiée de médiocre, tout au plus. Le flux était totalement irrégulier et mal dosé, un coup trop fort, un coup trop faible, donnant à l'éponge des mouvements erratiques. Les mouvements étaient saccadés et manquaient d'assurance, comme quand un enfant apprend à écrire. Et sa performance globale était si peu satisfaisante qu'il devait finir la vaisselle à la main ; impossible d'avoir un résultat impeccable.
Il n'osait même pas soulever des assiettes avec des fils ; il n'avait tout simplement pas les moyens de repayer toute la vaisselle de la taverne. Cela serait pour plus tard. Lorsqu'il eût terminé sa tâche, il sortit dans la salle, se mit au bar et commença machinalement à essuyer un verre avec un torchon, attendant des clients.

* Bien, alors, une forge... Première étape, le bois. Devrait pas être trop difficile, ça je peux le faire moi-même. En plus ça me coûtera pas un brin et je pourrai me remuscler comme ça. Tiens, je prendrai le petit Mizu aussi, ça lui fera du bien de se muscler un peu, on n'est jamais assez costauds.
Ensuite, les outils. Avec une enclume, un marteau, une pince, et de la matière première, je devrais arriver à me fabriquer le reste. Les deux principaux problèmes restent le four et le métal... Pour le four je peux m'en sortir en m'y mettant vraiment et en le fabriquant pièce à pièce, avec le système d'évacuation des fumées. Une bête hotte suffira. Par contre, pour le métal... Hmpf. J'ai bien peur qu'il ne faille partir en expédition pour ça, et donc en être capable et équipé.
J'imagine que je n'aurai pas de métal de Hagane pour commencer...
Bordel... *

Mizu avait fini le service du midi, le Kara hage avait bien plu et il avait même pu préparer quelque brochette avec le chef histoire de se faire la main.
Il finissait de ranger son plan de travail et de le netoyer lorsque Darky parti en salle pour tenir le bar.

Il avait observer ses tentatives en cuisine pour controler l'éponge, et même si pour Mizu le peu qu'avait réussi Darky tenait lieu de prouesse, il avait compris que c'était très loin de ce que recherchait le professeur, et se demanda ce dont était capable un grand marionnettiste.

Une fois tout rangé il alla retrouver son "sensei" (vas'y Darky, kiff, on inverse les rôle xD ).
Attrapant un torchon pour essuyer lui aussi quelque verre, il questionna son professeur.

alors, qu'est-ce qu'on fait ce soir Darky?

Il se doutait bien qu'ils ne tenteraient pas de conquérir le monde(xD), mais espérait un nouvel entrainement ou autre activité riche en enseignement.

Oh, Mizuryu... Bonjour. Bien dormi ?

* Il est jeune... Il peut tenir un tel rythme. Petit veinard. *

Darklord, plus par ennui que par réel besoin, s'empara du balai et y attacha quelques fils, puis revint au comptoir et lança le balai au milieu de la pièce. Celui-ci se figea en l'air, vertical, et commença à se passer lui-même. Les doigts de Darklord pianotait dans le vide.

Je te l'ai dit, non ? L'entraînement, c'est un jour sur deux. Utiliser son chakra est épuisant au début, tout particulièrement dans ton cas. Normalement, les shinobi grandissent en même temps que leurs capacités, et apprennent à les contrôler progressivement. L'effort mental et physique que tu dois fournir pour maîtriser d'un coup tes talents déjà bien développés est colossal ; il ne faut pas forcer la dose.

Par contre...

Un petit sourire en coin se dessina sur les lèvres du professeur. Il menait la conversation en regardant Mizuryu ; son balai dansait seul et il ne s'en occupait pas. S'il y avait une chose qu'il n'avait pas perdu, c'était sa vivacité d'esprit : discuter tout en manipulant un objet - voire même des dizaines - ne lui posait plus de souci depuis longtemps. Heureusement, passer le balai ne requérait pas une grande précision, et il n'aurait plus qu'à finir à la main le peu qu'il resterait.

* On dirait que ça revient plus vite que ce que je pensais. J'imagine que c'est comme certaines choses, ça ne s'oublie pas... Il va falloir persévérer. *

... Oui, pardon, je me suis perdu dans mes pensées.
Oui, par contre, j'aurais bien quelque chose d'autre à te faire faire. Les techniques, les pouvoirs, tout ça, c'est très gentil, mais comme je te l'expliquais à l'instant, tout ça n'a guère d'importance si tu es incapable de te battre efficacement. Nous misons sur la discrétion, et si tu peux éviter d'utiliser ton chakra, fais-le.
En fait, c'est le souci de beaucoup de marionnettistes ; ils se concentraient tellement sur leurs pantins qu'ils étaient horriblement vulnérables sans eux, ou si on ne leur laissait pas l'occasion de les sortir. Et n'oublie jamais une chose : on n'est pas moins mort avec un kunai en travers de la gorge que lorsqu'une boule de feu nous a carbonisé.
Aussi, il va falloir t'apprendre à te battre. Réellement. Pas de grandes leçons, pas de maître d'armes, ni de duels honorables. Nous sommes des shinobi. Si nous pouvons faire en sorte que l'ennemi ne sache même pas ce qui l'a frappé au moment où il tombe, nous le faisons.

Le balai se cogna dans une chaise. Darklord leva les yeux au ciel, énervé, et fit claquer sa langue de mécontentement.

Pardon pour ça.
Donc, je vais aussi te former au combat. Mais c'est inutile si tu n'es pas physiquement au top.
Ce soir, tu viens avec moi, et nous allons travailler nos muscles et nous rendre utile au village. Tout bénèf'.

Après s'être bien reposée, elle prit le temps de faire ses entraînements physiques quotidiens, tout en finissant par s'étirer. La souplesse étant à ne pas négliger si elle souhaitait garder une musculature fine et discrète.

Elle fit alors sa toilette, se changea et redescendit prendre sa place en bas.

Bonjour Darky, Bonjour Mizuryu !

Elle les salua en souriant et alla se chercher une tasse de thé avec une tranche du pain d'épices qu'elle avait réussi à trouver hier dans la boutique alimentaire.

Miam que c'est bon !

Darklord avant commencé à s'assoupir debout. Un des avantages de n'avoir aucune sensation des les jambes, c'est qu'il pouvait littéralement s'endormir là, sur place.

Gnnn... Ah, bonjour patronne. Calme, ce matin.

Histoire de se donner un peu de contenance, il s'empara d'un autre verre et entreprit de l'essuyer méticuleusement, pendant que le balai continuait sa furieuse danse dans la salle.

* C'est pas des cernes que je dois avoir, c'est des tranchées... *

Alors, z'avez pas veillé trop tard hier soir ? C'est connu, la taverne est le lieu de réunion des villages, beaucoup plus que les places publiques ou quoi... Je sens qu'on va taper des heures supp' tiens !

* Ce qui serait pas trop mal, dans le fond. *

Au fait, ça vous dérange si je vous pique Mizuryu dans l'après-midi entre les deux services ? On reviendra pour le soir, mais on a pas mal de boulot à faire ensemble si on veut être utile au village, et on commence jamais trop tôt.

Oui c'est plutôt calme pour le moment et tant mieux, ça laisse du temps pour s'organiser.

Hier soir j'ai veillé tard oui. C'est en partie pour ça que je me lève que maintenant ! Dit elle en rigolant.
J'espère que la taverne va se remplir progressivement ! Ce serait signe que de nouveaux shinobis sont arrivés pour lutter contre Takishi. Et ca permettrait de faire avancer les choses ici.

Pas de souci pour Mizuryu. Vous vous organisez comme vous voulez tant que vos taches sont faites.
Vous avez une idée en tête qui pourrait servir au village ?

Elle finit sa tasse de thé et s'en servit une deuxième pour finir de se réveiller.

Lilo avait tout juste fini de se servir son thé que le balai s'approcha d'elle en sautillant d'une démarche plutôt comique et étrangement humaine. Il tapota sur son épaule, et désigna la théière, puis Darklord.

Dis donc, petit malotru ! Je crois que le balai essaie de te faire passer le message qu'il serait de bon goût de me proposer aussi du thé. Mais on t'a rien demandé, dis donc, espèce d'outil d'entretien !

Le balai se retourna, déçu, et reprit son office.

Tss tss. Si même les objets se rebellent maintenant...
Ouais, j'ai une idée. Une belle même. Il se trouve qu'en tant que marionnettiste, il est arrivé un moment où les pantins habituels ne me suffisaient plus, et donc j'ai appris par moi-même. Et il fallait aussi les armer.
Là où je veux en venir, c'est que ce village manque cruellement d'une forge et d'un moyen régulier de production des armes. Je vais y remédier.
Cet après-midi, on va abattre le bois nécessaire à la construction, et, si on a de la marge, garder le surplus pour faire du charbon. Il va falloir s'y prendre en plusieurs fois, cela dit, et faire bien attention à s'éloigner du village pour faire ses réserves. Puis camoufler nos traces. Des arbres élagués comme ça au milieu d'une forêt sauvage ça fait bizarre.
Ensuite, il faudra aller choper du métal, mais ça c'est dans un second temps.

Darklord soupira et posa son torchon. Il fallait qu'il bouge un peu pour se maintenir éveillé.

Reviens là, le balai, je vais prendre les choses en main... Oh, ça suffit, fais pas genre...
Oui, donc, cet aprèm', on coupe du bois. En plus, ça lui fera les muscles. Hein mon mignon ?

Une petite vanne gratuite n'a jamais fait de mal à personne. Et encore, il en gardait sous la pédale.
Bizarrement, passer le balai s'avérait nettement plus facile lorsque celui-ci n'avait pas besoin d'un contact direct avec la main pour brosser...

Yûmeko s'éveilla en sursaut. Elle avait encore rêvé de Tohru. Elle avait vu son corps se tordre, se broyer et partir en miettes.

Il va falloir que je travaille à ce sujet. Ce n'est pas sain de faire autant de cauchemars.

Elle peigna ses longs cheveux avant de faire sa toilette. Par coquetterie, elle massa sa peau avec le peu de lait qu'il lui restait. Revêtant un vêtement simple, couleur de saphir, elle se saisit du couteau précieux qu'elle avait posé sous son oreiller avant de dormir.
Elle dégaina la lame droite à double tranchant. Elle était parfaite. Froide, implacable. L'ex geisha trancha l'air d'un geste souple et écouta le chant de son arme. Satisfaite, elle la rangea dans une poche intérieure. C'était décidé, elle ne s'en séparerait jamais plus.

Rapidement, elle se dirigea vers la salle principale de la taverne. Alors qu'elle allait saluer Lilodo, elle remarqua l'araignée géante au corps à moitié humain. Se figeant, elle n'arrivait pas à détacher ses yeux de la créature.

Je... Je dois garder mon calme. Ce n'est pas une vraie araignée... C'est un Shinobi. C'est un homme. Qui a fait quelque chose. A son corps. Des expériences, probablement pour augmenter sa puissance ou quelque chose comme ça.
Mais il ressemble beaucoup à une araignée. Géante. Intelligente. Aux pattes tranchantes.

Elle remarqua ensuite que la créature agitait les doigts dans le vide. Elle remarqua ensuite le balais. Un balais qui bougeait tout seul.

L'araignée a tissé de la toile et joue avec les objets. Le balais que j'utilise pour nettoyer. C'est vraiment une araignée, c'est vraiment une araignée.

Si la veille Yûmeko avait réussi à passer outre sa peur car le mur entre elle et la créature l'avait rassurée, se faire surprendre ainsi au réveil, c'était un peu trop.

Alors, sans demander son reste, elle s'évanouit.

... Oh, de toute façon, une fois le rush passé, l'après-midi, c'est plutôt calme, les gens préfèrent se mettre la tronche le soir. Entre le dîner et le souper ils préfèrent faire semblant de bosser.

Ah, bonjour mademoiselle, vous...
... venez de tomber dans les pommes.

Il ne put retenir un long soupir. Ce n'était pas la première, et, sans aucun doute, pas la dernière non plus ; mais c'est toujours désagréable quand les gens s'évanouissent devant votre apparence, et il en avait un peu perdu l'habitude. Il s'appuya sur son balai, las.

Allons bon, ça faisait une paye... D'habitude ça le fait la première fois, et après un " Bonjour Mons- " du plus bel effet.
Errrr, quelqu'un veut bien la ramasser ? Je suis pas sûr qu'être au-dessus de son visage lorsqu'elle se réveillera sera une bonne idée. Testé et amplement désapprouvé.
Ou encore... Oh, non, je ne ferais pas ça...

Darklord disparut dans la cuisine, d'où il ressortit avec une bassine d'eau et un chiffon propre.

Relax, je ne vais pas lui faire le coup du seau d'eau dans la tronche au réveil, je suis plus subtil que ça.
Enfin, avec les clients, ç'aurait été mon établissement j'aurais foutu des gifles !

Un grand sourire froid ponctua la remarque. Qui pouvait dire s'il plaisantait ou non ?
Il prit bien soin de se mettre à l'autre bout de la salle, et anima le chiffon. Il se trempa dans l'eau fraîche, se tordit, et vint faire tomber quelques gouttes sur le front de la demoiselle, avant de s'y poser délicatement.

Normalement ça devrait suffire à la tirer des vapes. Sinon j'abandonne.
Oh, d'ailleurs...

Du bar, il sortit la bouteille que Keneda lui avait offert la veille - dont le niveau était d'ailleurs dangereusement bas - et la cigarette aux effets rigolos.

Si vous voulez bien lui expliquer que je ne vais pas la manger, découper, dépecer, torturer, ou je ne sais quoi d'autre qui a pu lui passer par la tête. Je vais sortir le temps que vous fassiez ça, ce sera plus facile à digérer.
L'information, je veux dire.

Et il sortit de ce pas par l'arrière, histoire de ne pas repasser devant la pauvre femme fragile.. Clic clic clic. Clic clic clic. Clic clic clic. Glou glou glou.
Hein ? Non mais c'est pas un peu tôt pour boire, mon bon Darky ?

Lilo sourit en regardant le balai danser.

Y a du progrès ! Comparer à la première fois que tu l'as passé !

Elle émit un rire léger.

En tout cas, c'est un beau projet que vous avez là.
Si je peux être utile, n'hésitez pas. En attendant si vous voulez stocker votre bois sous le 2e abri dont dispose la taverne pour éviter qu'il ne prenne la pluie, allez y. C'est en cas de rush de la clientèle mais je ne pense pas avoir à m'en servir pour le moment.

Elle entendit du bruit à l'étage. Surement Yûmeko puisque Sakura n'est pas encore revenue. Cela se confirma quand elle vit la jeune fille entrer dans la pièce principale, regarder Darky et s'évanouir.

Aie ...

Désolé Darky. Ce qui te sert maintenant de jambes peut surprendre on dirait ...
Rassures toi je m'en occupe et je vais la rassurer comme il se doit.
Je sais très bien que tu es incapable de faire toutes ses choses là sur une jolie demoiselle ! Car j'espère que tu les feras sur Takashi et sa clique !!

Elle déposa un baiser sur la joue de Darky afin de lui extirper un sourire avant que celui ne s'en aille avec la bouteille de Keneda puis s'agenouilla à coté de Yûmeko et entreprit de lui passer un peu d'eau sur le visage et commença à chantonner une chanson sur le printemps et ses gouttes de rosées matinales, sur l'éveil des jolies fleurs, etc.

Cela ne doit pas être évident pour lui ... L'apparence joue énormément dans les relations humaines et je suis bien placée pour le savoir ...

Yûmeko entendit une chanson très douce. Lentement, elle ouvrit les yeux. Le visage souriant de Lilodo la surplombait.

Oh mon Dieu, j'ai perdu connaissance.

Pourquoi... Je suis désolée, désolée d'être encore si faible. Mais je promet que je ferai des efforts.

Précipitamment, elle se releva un peu chancelante. Elle s'en voulait d'avoir à ce point perdu contenance, d'avoir exposé sa faiblesse face à tout ces guerriers. Si elle voulait se faire accepter d'eux, elle devait leur prouver sa valeur. Elle devait être souple comme le saule et coupante comme le couteau caché dans ses vêtements.

J'espère que votre ami ne m'en voudra pas de ma réaction. J'ai... J'ai juste un souci avec les araignées. Je ne suis pas habituée à ce genre d'apparences, même s'il va falloir que je me reprenne. Après tout, ce doit être monnaie courante dans l'univers des Shinobi. Modifier son corps pour être plus fort.
Je vais aller faire les pâtisseries et je lui en apporterai d'accord ?

Yûmeko avait du mal à se calmer et les mots sortaient de sa bouche comme une cascade incontrôlable. Étrangement, le stress affinait sa vision. Elle voyait extrêmement précisément les moindres rainures du bois des murs et du sol, les quelques grains de poussière encore présents et les fibres des vêtements de Lilodo.
Prenant de longues inspirations, elle se calma et se détendit de son mieux.

Haha, honnêtement, je doute que mettre des gifles à un soldat en armure lourde ait beaucoup d'effet ! Mais j'y penserai. Par contre, si tu me penses incapable de faire ça à une femme... Gratuitement, non. Mais je suis un shinobi. Et tu sais parfaitement de quoi je parle.

Une fois dehors, il alluma sa cigarette et prit une longue bouffée. Ah, si longtemps... Il était loin d'être drogué, mais ne pouvait s'empêcher d'en apprécier de temps en temps. Et...

Oh bordel mais c'est grave de la bonne en plus ! On dirait que le talent des Mizuro est passé de la forge à l'herbe... Un moyen de calmer le monde plutôt que de le mettre en guerre ? Pas une mauvaise idée...

Il prit une petite gorgée d'alcool, mais, mécontent de son faible effet, en prit une bonne rasade.

* Tssss, regardez-moi... Picoler aussi tôt le matin... Et pas simplement par plaisir, ou pas juste parce que je suis jeune comme à l'époque, mais parce que j'en ressens le besoin ... Y'a pas à chier, ça va vraiment pas en ce moment... Tout ça pour quoi ? Quelqu'un a pensé que t'étais un monstre et a juste perdu conscience en te voyant ? Allez, c'est pas la première, duchmol. Et c'est pas la dernière. Alors tu vas rentrer là-dedans, agir comme d'habitude, et tout ira bien. *

Dans le laps de temps qu'il lui avait fallu pour prendre cette décision, il avait déjà terminé la cigarette. Peut-être pas une coïncidence, remarquez. Il reboucha la bouteille et rentra.

Et me revoici, après cinq petites minutes de pause, près à reprendre du service !
C'est gentil pour la proposition du stockage, Lilo. Je pense qu'on en aura besoin. Il va falloir plusieurs trajets pour réunir le bois, et avec le boulot ici, je risque de ne pas pouvoir tout monter d'un coup. J'espère juste ne pas avoir rouillé niveau charpente et pouvoir faire en sorte que ça se casse pas la tronche sur moi !

Le géant reprit place au bar. Machinalement, il commença à faire danser une fourchette. Il n'avait pas l'habitude des matins calmes dans les tavernes ; en général, il fallait virer les derniers alcooliques endormis là et à peine commencer le ménage, en rush, pour rouvrir le midi...

* C'est pas plus mal remarque... J'ai fait le côté comptoir et le côté alcoolique, et tout bien réfléchi, c'est agréable pour personne o// *

Comme toujours Mizu écouta les explications de Darky (4thelulz xD ). Shinobi semblait vouloir dire, attaquer en traître autant que faire se peut... ce qui ne fut pas beaucoup du gout de Mizu.
S'il y avait une chose qu'il avait retenu dans toute les histoires et leçon de sa cuve, c'était l'honneur, et notamment celui du combat.

Il savait qu'une attaque surprise, un coup en traitre, facilitait les victoires, cependant il avait un peu pitié des soldats qui pouvaient mourir sans savoir ce qui les avait tuer. Il imaginait plutôt la guerre et les combats comme d'épique affrontement, dont le vainqueur était honoré de tous.

Mais bon... visiblement les Shinobi n'agissaient pas ainsi, il se demanda si ce n'était pas pour cette raison qu'ils avaient perdu la guerre, face à une armée beaucoup plus grande qui les a attaqué de plein fouet, sans leur laisser le temps de préparer quelques stratégie sournoise et furtives...

Tandis qu'il méditait sur les combats et autres, une jeune femme tomba par terre à la vue de Darky, et Mizu ne put s'empêcher de ricaner, silencieusement bien sûr, durant tout la scène.
Il décida tout de même d'apporter un verre à Yumeko, histoire qu'elle se remette un peu.

tenez, buvez, ce n'est pas très fort c'est de l'alcool de cerise, ça vous aidera à aller mieux.

Apparemment le géant avait décidé de se construire une forge, et de prendre Mizuryu (son "mignon", et pas que forcement avec cet orthographe...) comme aide menuisier, maçon etc... enfin pour le moment plutôt un bûcheron, mais ce n'était pas grave, au contraire, Mizu avait hâte de rendre service et de s'entraîner par la même occasion.

Je te suis pas de souci je veux bien aider.

Lilodo acquiesça à la réplique de Darky.

Je ne sais que trop bien de quoi tu parles.
Mais ne laissons pas nos souvenirs assombrirent cette belle journée.

Pour le bois, si cela peut vous aider, déposez le et je m'occuperais d'aligner les tronçons et de monter les piles.
Comme ça, vous n'avez qu'à faire les trajets. Vous perdrez moins de temps.
Et vu le peu de monde à la taverne en ce moment, cela m'occupera.

Lilo aida Yûmeko à se relever après qu'elle ait pris le verre de Mizuryu.

Vous savez, je ne sais pas s'il a vraiment souhaité sa transformation.
Vu ce que j'ai pu voir, il a l'air d'essayer d'apprendre à vivre avec.

Faire des pâtisseries et lui apporter est une très bonne idée.
Cela lui fera surement plaisir.

Lilo entreprit alors de faire la vaisselle de son petit déjeuner.

Yûmeko se réfugia en cuisine après avoir remercié le jeune employé qui lui avait apporté le verre de liqueur. L'homme-araignée avait rejoint le bar et elle n'osait pas encore affronter son regard. Elle se présenta poliment au chef cuisinier et prépara son plan de travail pour les pâtisseries pendant que Lilodo faisait la vaisselle près d'elle.

Elle fit bouillir ses haricots rouges de nombreuses fois, pendant plus d'une heure, pour préparer de l'Anko, la pâte qui farcirait ses Dorayaki. Puis elle prépara la pâte de la brioche, aromatisée au Mirin et au miel.

Puis, sur une casserole, elle fit cuire la pâte comme des crêpes très épaisses. Puis, elle mis de la pâte de haricots sur une crêpe et la recouvrit d'une seconde. Elle répéta l'opération autant de fois que nécessaire pour obtenir une cinquantaine de Dorayaki.

Passant timidement la tête hors de la cuisine, elle dit d'une voix aussi forte qu'elle se le permettait :

Des brioches sucrées au haricot rouge sont prêtes pour qui voudra, chers clients. Elles sont encore toutes chaudes.

Allez, Yûmeko, sois adulte. D'autant que Lilodo t'a appris que cet homme avait été mutilé contre son gré, il mérite ta compassion et ton respect.

Elle enveloppa deux brioches dans une serviette de papier blanc et les apporta à l'homme étrange qui tenait le bar. S'inclinant le plus respectueusement possible, elle dit d'une voix faible :

Monsieur, pardonnez-moi de ma réaction de tout à l'heure. Je vous prie d'accepter ces brioches même si elles ne représentent pas grand chose.

J'espère qu'il ne m'en voudra pas trop.

Ses joues étaient en feu et elle se félicita que sa longue chevelure cache son visage.

Alors que Darklord était tranquillement installé au bar en train de comater et réfléchir à son programme de l'après-midi, Yûmeko sortit de la cuisine avec des brioches, qu'elle lui tendit, de toute évidence très mal à l'aise.
Le géant eut une seconde un air sceptique, puis éclata d'un grand rire franc et sonore.

Vous savez, je vais vous faire une petite confession : vous n'êtes pas la première à vous évanouir à ma vue, et très vraisemblablement pas la dernière.
Mais c'est bien la première fois qu'on me présente des gâteaux pour s'excuser !
Il serait malvenu de refuser, je présume ?

Alliant le geste à la parole, il s'empara d'une des brioches et la sortit de sa serviette, puis y croqua à belles dents. Un air surpris s'afficha sur son visage, et il n'attendit même pas d'avoir finit de mâcher pour déclamer :

Bordel, chuis l'cheul à pas chavoir cuijiner des trucs de fou ichi ou quoi ?

Il déglutit bruyamment et s'éclaircit la gorge, avant d'ouvrir le second. Il lui fit un sort aussi rapidement que le premier, en tâchant d'être un peu moins démonstratif visuellement pendant son repas. Une bonne lampée d'alcool l'aida à faire descendre le tout.

Eh bien, merci, c'était super bon. Mais encore une fois, ne vous inquiétez pas de votre réaction... Je suis humain, après tout, 100% pure souche. Et pour tout vous dire, moi aussi, j'ai flippé à mort la première fois que j'ai vu mes griffes.

* Booooooooooooon d'un côté c'est pas super pareil non pluuuuuus... Et puis, dire que t'es humain... Après tout, on peut en douter, ton cadavre est encore enterré quelque part dans les ruines de Shinkiro... Ils sont quand même bien blindés ces connards de céleste niveau technologie, on y croirait, tout est à l'identique, même ce foutu mal de dos par temps humide...
Bon, allez, arrête un peu de déconner, t'as un peu trop picolé pour cette heure-ci... *

Bon ! Sur ce mesdemoiselles, je pense que nous allons vous laisser pour l'après-midi. On a fort à faire, après tout. On sera de retour d'ici le début de soirée, avant le rush. Bon courage les filles, pas de bêtises !

Il attendit que Mizuryu le rejoigne, puis s'engagea dans les rues en direction d'une sortie du village au hasard.

Lilo regarda Darky dévorer les brioches de Yûmeko.

Cela fait plaisir à voir.

Elle monta alors à l'étage s'occuper des chambres vides, les nettoyer, les ranger, enlever tout ce qui est surfait, inutile et vieux, remplacer tout ceci par des éléments plus modernes et plus utiles.

Fiouu j'ai pas fini ...